Le pouvoir des crises n’est-il pas lorsqu’il est véritablement accueilli et entendu de nous inviter à « autre chose »?
En ces heures de pandémie nous mesurons à quel point nous faisons partie d’un tout ; il n’y a pas d’un côté l’humanité et ses vies sociétales et de l’autre les mondes, du macrocosme au microcosme, la planète, les autres règnes ; animal, végétal etc. Le Vivant ne connaît pas ces frontières que nous entretenons illusoirement. Nous faisons partie d’un Tout, liés et interdépendants.
La pratique du yoga nous inscrit, traversant toutes les strates de notre Être vers ce vécu, en fulgurances ou plus discrètement : l’expérience du Vivant par notre Présence.
Aussi vous voici convier à instaurer à votre façon, chez vous, un petit rituel de pratique. Idéalement porté vers « honorer ce qui nous est donné : la Vie », nourrir le geste d’écoute, la Présence.
En somme, c’est assez simple, dérouler son tapis, s’y déposer, se confier à cet instant et ce qui apparaît dans l’écoute spontanée. La pratique de yoga s’y révèle alors tellement intime, tellement précieuse. Nos âmes, ou… nos profondeurs, quel que soit le terme qui vous sied, s’en réjouissent.
A bien y écouter, la vie est incroyablement riche. Creusons, creusons pour y ressentir son merveilleux et inaltérable frémissement ! Et là nous y serons véritablement ensemble, unis, au-delà de tout contexte…
Voici donc, des images, des enregistrements et des textes... D'autres sont accessibles en accès codé pour les adhérents d'AYOG.
Pour commencer un peu de poésie indienne... à accueillir avec mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2023 !
ENVOL A PARTIR D'UNE REMARQUE FAITE EN PASSANT
Les grands immeubles m'impressionnent,
ceux qui coupent le ciel en deux.
J'aime les grandes histoires à dormir debout, même si elles sont fausses ;
pas les demi-vérités qui couchent avec les demi-mensonges.
je veux les choses à grande échelle :
de l'amplitude, de l'espace et de la lumière,
le grand oeil jaune du train
qui éclaire les profondeurs de la nuit.
Je n'ai rien contre les oursins, les chenilles laineuses, les taupes,
et les fougères.
Mais moi, je veux des arbres en fleurs, de longues
guirlandes de mousse, des parasites flamboyants.
Et lorsque tu me demandes, aussi jeune et petite qu'un écureuil,
aussi courte que le crépuscule,
et qu'une ombre en plein midi,
pourquoi je t'aime, que puis répondre ?
Keki N.Daruwall ( 1937)
A venir la pratique en audio " Du serpent à l'oiseau" en lien avec l'article à paraître dans le prochain numéro de la revue Infos Yoga
Pour la pratique: avant de lancer l'enregistrement installez-vous, confortablement, de préférence en position allongée, couvert d'un plaid, dans une pièce où vous serez tout à fait tranquille pour toute la durée de yoga Nidra...
Extrait de "Le long d'un amour" de François Cheng
Entre le murmuré
et le ressenti
rompant tout rivage
Calmement se propage
l'ombreux infini
au rythme révélé
Infini autre
Infini tien
Une source se libère
traverse l'aire de chair
se perd au loin
Où terre-ciel s'unit
au vol de l'alouette
re-née de son chant
Infini tien
Infini autre
Extrait de "Elégies de Duino" de Rainer Maria Rilke
Vois les arbres : ils sont là ;
nos demeures durent plus longtemps que nous-mêmes.
Seuls, nous ne faisons que passer, au large de tout,
en un vague échange de respirations.
Et tout s'accorde à nous laisser au silence
(...)
Voyez : il arrive que mes mains se joignant
rendent l'une de l'autre consciente,
ou que mon visage usé déjà se vienne ressaisir
entre elles.
Cela me donne une légère sensation d'existence.
Mais qui oserait pour si peu prétendre à l'être ?