Système hormonal féminin : des plantes protectrices face à une pollution environnementale grandissante

 

Plus je plonge dans l'Ayurvéda et dans sa pratique auprès d'une clientèle féminine et plus je suis surprise des limites de la prise en charge et de l'écoute des problèmes dits féminins par la médecine conventionnelle. Me voilà remontée comme un "coucou suisse", tant il me parait anormal en 2024 d'entendre encore un médecin vous dire "ça va passer" quand vous venez pour des bouffées de chaleur qui vous empêchent de dormir depuis des semaines, quand une jeune femme après une opération d'un fibrome voit ses règles devenir hémorragiques et que le chirurgien n'a rien à lui répondre, ni lui proposer.

D'après une étude faite auprès de médecins bretons, seulement 9% d'entre eux auraient une formation en phytothérapie et si la moitié d'entre eux prescrivent des plantes cela reste cantonné aux problèmes d'insomnie et d'anxiété. Ils existent pourtant des plantes ayant fait leur preuve depuis des siècles, accessibles, efficaces et qui en plus de leurs propriétés thérapeutiques peuvent nous offrir une réelle protection face à une pollution environnementale dont il est désormais impossible de se prémunir complètement et qui perturbent de plus en plus notre système hormonal !

 

Comme pour mon article précédent sur la préménopause, je vais essayer de ne pas être trop simpliste et de vous exposer le point de vue de l'Ayurvéda dans sa complexité et donc sa richesse, à la mesure toutefois de mon expérience à ce jour.

 

>> QUELQUES ELEMENTS DE CONTEXTE 

 

> Un lien de plus en plus prouvé entre la pollution environnementale et le dérèglement de nos systèmes hormonaux

 

Santé publique France assure depuis quelques années une surveillance épidémiologique de certaines pathologies en lien possible avec les perturbateurs endocriniens. L'organisme a choisi de suivre plus particulièrement le fibrome utérin car une contribution environnementale au risque de fibrome est plausible au regard de la littérature de plus en plus fournie, notamment concernant le lien avec les perturbateurs endocriniens. Il surveille aussi de près le développement des cancers du sein et de la prostate, de l'endométriose, de la puberté précoce. 

 

Ainsi sur l'endométriose, les laboratoires LABERCA et STAT SC à Nantes ont appliqué un ensemble d’algorithmes d'apprentissage statistique pour explorer les associations entre les mélanges polluants organiques persistants (POP) et l'endométriose profonde dans une étude cas-témoins pilote en collaboration avec le CHU de Nantes. Les cinq modèles testés ont révélé une sélection cohérente des POP les plus associés à l'endométriose profonde, notamment certains marqueurs de type dioxines et pesticides organochlorés. (1)

 

Des études atteste du lien entre pollution de l'air et cancer du sein. Vous l'aurez compris le sujet est très vaste et les risques se cumulant, nous avons de quoi nous inquiéter. Toutefois, l'inquiétude n'écarte pas le danger et est plutôt anxiogène.

 

Il serait plutôt temps d'agir pour faire bouger les lignes de ce système de santé qui ignore complètement les plantes pourtant utilisées depuis la nuit des temps pour équilibrer, soigner le système hormonal féminin et même le protéger en partie de cette pollution environnementale. Nous allons ainsi nous intéresser plus particulièrement aux xéno-œstrogènes et voir comment pour l'Ayurvéda les phyto-œstrogènes des plantes peuvent participer à la protection de  notre système hormonal ! 

 

(1) https://www.inrae.fr/actualites/polluants-endometriose 

 

> Les xéno-œstrogènes

 

L'Académie de médecine décrit comme xéno-œstrogène toute substance naturelle ou synthétique, étrangère à l’Homme, dont l’absorption peut entraîner des effets œstrogéniques. Parmi les xéno-œstrogènes, il y a des substances naturelles présentes dans les plantes (phyto-œstrogènes), les œstrogènes de synthèse et d'autres enfin sont des polluants chimiques d'origine agricole (pesticides comme le DDT, organochlorés) ou industrielle (bisphénol, phtalates, issus de la dégradation des plastiques). Ils sont susceptibles de se comporter comme des perturbateurs endocriniens, altérant les fonctions génitales du fœtus, la fertilité masculine et féminine, le développement pubertaire, ou encore contribuant à la constitution d’un cancer mammaire....

 

Petit rappel, les oestrogènes vont développer les seins à la puberté entre autre. Lors du cycle hormonal, durant la phase d'ovulation, les ovaires sécrètent des œstrogènes qui vont entraîner la libération des ovocytes, situés dans les ovaires. Cette augmentation d'œstrogènes induit également un épaississement de la paroi utérine pour permettre la nidation si l'ovocyte est fécondé.

 

Il est important dès à présent de bien de distinguer les xéno-œstrogènes chimiques des phyto-œstrogènes des plantes. L'Académie de médecine les met tous au même niveau alors que pour l'Ayurvéda une plante ne peut être considérée comme un perturbateur endocrinien. La plante est un système vivant intelligent capable de donner une information cohérente aux cellules du corps pour aider un système à s'harmoniser. Dans le cas des phyto-œstrogènes en favorisant la production d'oestrogènes lorsqu'elle est insuffisante par rapport à la progestérone.  En Ayurvéda, les plantes phytostéroïdes sont largement employées pour accompagner les femmes et réguler les problèmes hormonaux car selon les études, ces dernières n'entrainent pas d'augmentation de risque de cancer utérin ou du sein, comme cela peut se produire avec les hormones synthétiques. Il est certain cependant qu'elles doivent être utilisées à bon escient en respectant les contre-indications éventuelles. 

 

>> DES PERTURBATIONS ENDOCRINIENNES FAVORISANT LA CROISSANCE ANARCHIQUE DES CELLULES 

 

> Les xéno-œstrogènes et les récepteurs cellulaires

 

Voici donc quelques éléments de compréhension issue de ma formation avec le Vaidya Atreya Smith (2) pour comprendre comment ces substances chimiques sont championnes pour faire croître de manière anarchique les cellules du corps. 

 

Les récepteurs cellulaires à la surface des cellules sont les portes des cellules qui permettent la communication  intercellulaire. S'ils fonctionnent bien, la cellule reste en bonne santé. Ils opèrent la communication d'une information entre l'extérieur et l'intérieur de la cellule. Normalement chaque récepteur a une fonction unique à activer dans la cellule, ce qui veut dire que nos hormones vont activer une seule fonction spécifique dans une cellule. Les xéno-œstrogènes chimiques que les anglo-saxons appellent oestrogen like vont mimer l'oestrogène dans sa forme et sa structure sans cibler le récepteur cellulaire correcte. Ils vont donc submerger les récepteurs de la cellule et les incitent à suractiver le métabolisme de la cellule (Agni, feu digestif cellulaire) et à favoriser sa croissance.

 

(2) Il enseigne la médecine ayurvédique et la phytothérapie ayurvédique depuis plus de 20 ans en Suisse.

 

> Les xéno-œstrogènes : croissance anarchique et fonctionnement erroné

 

Pour l'Ayurvéda, toutes les fonctions de la cellule sont susceptibles d'être perturbées par les xéno-œstrogènes expliquant un croissance anarchique de la cellule aboutissant ainsi chez la femme au développement de kystes, de fibromes et de tumeurs qui peuvent être bénignes ou cancéreuses. Ce développement anarchique peut aussi expliquer des prises de poids incontrôlables. Pour Atreya Smith, la pollution chimique peut expliquer aussi en partie pourquoi les femmes occidentales souffrent de plus en plus de symptômes de péri-ménopause et ce de plus en plus jeunes à savoir dès la fin de la trentaine.

 

A cela se rajoute notre mode de vie moderne, valorisant la vitesse, l'hyper adaptabilité, l'électronique, les voyages, le stress... qui perturbe fortement le dosha Vata, chef d'orchestre de notre système endocrinien. Cette hygiène de vie "vatagénique" additionnée à la pollution environnementale, vous le comprenez, va possiblement perturber le système hormonal de nombreuses femmes.

 

>> L'ACTION DES PLANTES PHYTO-STEROIDES

 

> Comment peuvent agir les plantes pour rééquilibrer le fonctionnement hormonal 

 

Certaines plantes contiennent des phyto-stéroïdes qui vont être soit des précurseurs des oestrogènes soit de la progestérone. Ces plantes vont apporter en même temps de la matière et de l'information, c'est-à-dire un peu de stéroïde, la matière première de base pour la fabrication des hormones et l'information invitant le système hormonal féminin à favoriser la production soit de la progestérone soit d'oestrogènes. En général le corps humain sait très bien produire la bonne quantité d'hormones et l'équilibrer mais parfois ce dernier peut avoir besoin de plantes pour l'aider à retrouver l'équilibre.

 

> Certaines plantes peuvent aussi bloquer les récepteurs cellulaires des oestrogènes

 

La plante va avoir une action anti-oestrogène. En plus de son action régulatrice, elle a va avoir une véritable action protectrice des récepteurs cellulaires qui peuvent, souvenez-vous, être submergés par les fameux xéno-œstrogènes chimiques. C'est le cas du Gattilier (Vitex agnus-castus),  son effet anti-oestrogène entraine une remontée des concentrations de la progestérone et va permettre chez beaucoup de femmes de régulariser les cycles menstruels.  En réduisant l'hyper-oestrogénie, le Gattilier a ainsi des effets sur la mastose fibrokystique (tumeur bégnine du sein),  le fibrome utérin, l'hyperplasie de la muqueuse utérine (épaississement), les kystes fonctionnels ovariens, l'endométriose.

C'est par cette action que la plante assure une protection du sein, de l'utérus, des ovaires face aux xéno-œstrogènes. (3) 

 

Nous voilà donc en face d'une plante merveilleuse et très indiquée les fibromes par exemple, toutefois je vous mets au défi de trouver sur internet la moindre information allant dans ce sens sur les sites de médecines conventionnelles. Idem pour l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium L.) qui a aussi cet effet progestatif et anti-oestrogène et peut régulariser le cycle menstruel en stimulant et facilitant le flux sanguin dans la région pelvienne et l'utérus et agir aussi sur les fibromes.

  

(3) Grand manuel de Phytothérapie, Dr Eric Lorrain, Dunod - Medecin phytothérapeute et enseignant dans le cadre des diplômes inter-universitaires.

 

> Une plante peut occuper "pacifiquement" les récepteurs cellulaires des oestrogènes et empêcher les xéno-oestrogènes d'activer les cellules

 

D'autres plantes féminines vont avoir des actions inverses, c'est-à-dire des actions œstrogéniques. C'est le cas de l'Actée à grappes noires (Cimicifuga racemosa) une plante très intéressante pour les troubles de la ménopause (particulièrement les bouffées de chaleur) et certains troubles fonctionnels gynécologiques.  La sauge (Salvia officinalis) est utilisée pour ses actions œstrogéniques en cas d'insuffisance tant à la puberté qu'à l'âge adulte pour réguler le cycle menstruel et  diminuer aussi les bouffées de chaleur. 

 

Atreya Smith, depuis près de 30 ans, utilisent des formulations de plantes contenant des plantes phyto-stéroïdes comme tonique féminin et considère qu'elles peuvent apporter un effet protecteur de notre système hormonal en occupant de "manière pacifique" les récepteurs cellulaires des cellules des seins, de l'utérus, des ovaires... en minimisant la possibilité pour les xéno-œstrogènes de s'y arrimer et donc de désorganiser le fonctionnement cellulaire de ces organes. 

 

> Des plantes choisies en fonction de la Prakriti et Vikriti de la femme

 

Sans rentrer dans trop de détails (peut-être lire mon article précédent pour comprendre un peu mieux l'Ayurvéda), on va choisir les plantes en tenant toujours compte de la Prakriti (constitution) de la femme et non seulement de son déséquilibre (Vikriti). Le Gattilier est un bon exemple, c'est une plante très chauffante, donc sur une femme de Prakriti Pitta (feu), la plante pourra ne pas faire d'effets voire même déséquilibrer la nature profonde de la femme si la plante n'est pas associée à une plante rafraichissante. 

 

C'est pour cela qu'il est impossible pour l'Ayurvéda de donner des conseils trop généraux et que l'on vous recommande toujours de vous rapprocher d'un praticien compétent qui saura vous conseiller une ou plusieurs plantes avec le dosage adéquat suivant votre âge, votre feu digestif. Vous aurez aussi des conseils sur votre alimentation et votre hygiène de vie pour équilibrer les doshas car les plantes ne sont qu'une partie de la thérapeutique ayurvédique.

 

Il est à noter que les plantes phyto-œstrogéniques sont déconseillées par l'Agence Européenne de Médecine en cas d'antécédents de cancer du sein ou autre tumeur hormono-dépendante. Effectivement les plantes médicinales, comme je le disais au début de cet article, doivent être utilisées à bon escient. 

 

>> CONCLUSION

 

Si elles sont bien utilisées, les plantes peuvent être de précieuses alliées tout au long de la vie d'une femme. Toutefois, il est important de minimiser cette pollution environnementale alors voici donc en conclusion quelques conseils : 

  • Eviction des aliments non biologiques autant que possible, eau filtrée, produits cosmétiques et d'hygiène naturels... je ne vais pas m'étendre dessus mais plus notre alimentation va être biologique et mieux ce sera.
  • Une alimentation la moins carnée possible. L'alimentation méditerranéenne  par rapport à une alimentation occidentale classique diminue par exemple l'incidence des fibromes chez les femmes n'ayant pas de problèmes de surpoids. 
  • Les céréales complètes sont nécessaires pour évacuer les produits chimiques du corps. En effet, ces derniers ont besoin de pouvoir s'accrocher aux fibres alimentaires dans notre tract digestif pour pouvoir être évacuées naturellement par les selles.
  • Un transit qui fonctionne bien (tous les jours) ainsi qu'un foie et des reins en bonne santé vont permettre de moins stocker les produits chimiques dans notre corps.

Je vous remercie de votre attention.

Gwenaëlle Mellier - mars 2024


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